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Photo du rédacteurAdeline

Tais-toi la nature, ils veulent le silence !

Dernière mise à jour : 14 déc. 2019


Jamais je n’aurais jamais pensé écrire un post de blog à ce sujet, et pourtant, voilà où nous en sommes rendus, nous, pauvres humains. Ce n’est pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme. Les scientifiques l’avaient prédit. Aujourd’hui, plus de la moitié des êtres humains vivent en ville. Leur vie quotidienne est donc de plus en plus déconnectée de la nature. Comment pourront-ils comprendre que la biodiversité décline, qu’elle est menacée d’un grand péril et qu’il faut la protéger ?

J’ai déjà écrit des textes de blog sur la nature, les animaux sauvages, des crimes, un tueur en série, des autopsies, et des enquêtes. Mais là, c’est le bouquet. C’est donc encore d’un crime dont je vais parler, mais un crime qui va faire se retourner Rachel Carson dans sa tombe. Rachel Carson, vous connaissez. Si, si, souvenez-vous, on vous en a déjà parlé. Elle a écrit ce fameux bouquin, Printemps silencieux (1962), dans lequel elle s’inquiétait que le printemps devienne… silencieux. Silencieux pourquoi ? Parce qu’on aurait tellement pollué la nature, déversé une telle quantité de pesticides, biocides, herbicides, trucs en cides, que, par inadvertance, on aurait zigouillé au passage les insectes, les oiseaux, les amphibiens. Bref toutes ces bestioles sympathiques qui font de nos printemps ce qu’ils sont : des printemps chantants.

Elle avait raison de s’inquiéter, Rachel Carson. Nos printemps sont devenus bien plus silencieux qu’avant… mais qui s’en rend compte ? qui s’en soucie encore ? Cette brave Rachel Carson pensait qu’en alertant l’opinion publique, les choses pourraient changer, car elle en était sûre, on aurait fait taire notre belle nature par inadvertance.

Rachel Carson (pas plus que moi), n’aurait imaginé qu’un jour des gens (à priori normaux) veuillent faire taire insectes, oiseaux et amphibiens en toute connaissance de cause. Qu’ils réclament à cors et à cris que la nature se taise. Ceci est devenu la réalité, aujourd’hui, en France.

Il y a d’abord eu ce couple en Dordogne assigné en justice par leurs voisins car les grenouilles de leur mare faisaient trop de bruit. Le plus incroyable, c’est que la justice française a condamné le couple à combler sa mare, alors que les amphibiens autochtones et leurs habitats sont tous intégralement protégés en France. L’affaire a été portée devant la dernière instance pouvant être saisie : la cour européenne des droits de l’homme. On attend désormais que cette dernière se prononce.

Aujourd’hui, ce sont deux grenouilles qui se retrouvent encore à l’honneur dans les médias. Le bruit de leurs amours amène la police à se déplacer plusieurs fois à Arras (Pas-de-Calais, France). Jusqu’où cela va-t-il aller ?

Il y a aussi l’affaire du coq Maurice qui s’est propagée dans la France entière, avant de s’étendre au-delà des frontière, médiatisée jusqu’en Australie. Cette affaire, actuellement en cours de jugement, a révélé nombre autres : des touristes veulent faire taire les cigales en Provence, les cloches des églises, les coqs des villages. Bientôt ce seront les cris nocturnes des renards, des chouettes, des hiboux, des loirs qu’on voudra supprimer…

Un élu local, le maire du village de Gajac s’est ému de la situation. Il a lancé une initiative originale : faire inscrire les bruits de la campagne française au patrimoine mondial de l’humanité (UNESCO). Mais sur la liste des bruits nocturnes, sous le chant du coq, le braiment de l’âne, va-t-on également faire figurer le chant des grenouilles, les bruits de la faune sauvage ? On devrait le lui souffler… (pas trop fort).

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