En ce moment, on parle beaucoup d’épidémiologie (et pour cause !). Dans les médias, on n’a jamais autant donné la parole aux médecins, aux infectiologues et aux épidémiologistes et c’est une bonne chose. Contrairement à la médecine qui étudie la maladie à l’échelle de l’individu (poser un diagnostic, identifier les causes, les symptômes et proposer un traitement au patient), l’épidémiologie est une science qui s’intéresse aux maladies à l’échelle d’une population (humaine ou animale), ainsi que leur répartitions géographiques et dans le temps. Ainsi, l’épidémiologie s’intéresse à tous les facteurs environnementaux liés aux maladies.
Mais savez-vous comment l’épidémiologie est née et qui a été son « inventeur » ?
On considère que l’épidémiologie est véritablement née en 1854 pendant l’épidémie de choléra qui sévissait à Londres et que son inventeur est un certain John Snow. Non, non pas le personnage auquel vous pensez. John Snow, un médecin qui exerçait à Londres à l’époque, médecin des pauvres du quartier de Soho.
Qui est John Snow ?
John Snow (1813-1858) est un médecin anglais, né dans une famille pauvre. Il devient végétarien à l’âge de 17 ans, au cours de son apprentissage. Sa première contribution à la communauté scientifique n’est pas celle que vous croyez. Avant d’inventer l’épidémiologie, il crée d’abord un inhalateur de vapeur d’éther afin de contrôler la quantité dispensée aux patients. Son inhalateur est équipé d’un variateur permettant une meilleure administration des gaz. Cette invention contribuera à démocratiser l’anesthésie générale. C’est lui qui anesthésie la Reine Victoria avec du chloroforme pour la naissance du prince Leopold et de la princesse Beatrice (8ème et 9ème enfants de la reine). Contrairement à d’autres médecins qui cherchent à breveter leurs inventions liées à l’anesthésie, John Snow publie les plans des siennes afin de les rendre accessibles à tous (merci John !).
Les épidémies de choléra
John Snow est confronté pour la première fois à une épidémie de choléra pendant son apprentissage, d’octobre 1831 à février 1832. Il affronte seul cette épidémie et on peut légitimement penser que cela laissa des traces. A l’époque, on pense que le choléra est propagé dans l’air, en particulier l’air infecté des abattoirs. On en voulait pour preuve l’odeur putride qui s’en dégageait. Imaginez, si vous en avez le courage, l’état sanitaire des abattoirs de l’époque (ce n’est peut-être pas si étonnant qu’un médecin comme Snow soit devenu végétarien). John Snow n’adhère pas à cette théorie car il constate que les employés des abattoirs ne sont pas nécessairement les premiers concernés par l’épidémie. Il soupçonne que l’eau de boisson joue un rôle.
La première cartographie épidémiologique
A Londres, l’eau des familles est puisée dans la Tamise. Soit en amont, soit en aval des égouts (!!!). John Snow place sur une carte de Londres tous les cas de choléra. Cette carte montre que les cas de choléra sont situés majoritairement en aval des égouts. Il explique que les gens se contaminent par l’absorption de matières fécales contenues dans l’eau de boisson pompée en aval des égouts. Mais personne ne le croit. Il faut attendre l’épidémie de 1853 pour qu’on le prenne au sérieux. De nouveau, le médecin cartographie les lieux de résidence et de travail des malades et des 578 morts. Cette cartographie révèle que les décès sont liés à une pompe à eau publique et qu’il y a dissémination du choléra par la distribution de l’eau. John Snow a identifié la source de la contamination. Il fait enlever le bras de la pompe à eau et l’épidémie finit par disparaitre. C’est ainsi que John Snow, a sauvé des centaines de vies, peut-être davantage et est devenu un héros (un vrai !).
L’épidémiologie était née.
Grâce à l’épidémiologie, on peut aujourd’hui comprendre comment les épidémies naissent et se propagent et identifier les épicentres.
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