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Photo du rédacteurAdeline

Des particules de microplastique au sommet des Pyrénées

Prendre un bon bol d’air pur en montagne, bientôt l’image ne sera plus qu’un mythe. En tout cas, c’est ce que semble suggérer les travaux de nos collègues chercheurs de Toulouse et Grenoble publiés il y a quelques semaines dans la revue Nature Communications. L’idée de l’air pur de la montagne en prend un sacré coup. Au début du vingtième siècle, pourtant, des colonnes de souffreteux venaient se soigner dans les sanatoriums montagnards, loin de la pollution, attirés par la réputation du bon air et de l’ensoleillement.



Le problème du plastique et de ses microparticules

Aujourd’hui, l’envahissement du plastique dans nos vies est de plus en plus médiatisé. Difficile d’ignorer cette information. L’accumulation des déchets plastiques dans les océans a mené à la constitution d’une masse dans l’Océan Pacifique, masse tellement gigantesque qu’elle a reçu le surnom de « septième continent » (sa surface est équivalente à trois fois celle de la France, soit 1,6 million de km² !). Ce plastique qui se retrouve partout n’est pas qu’une menace pour la biodiversité, il peut affecter également notre santé, absorbé à notre insu sous forme de particules de très petite taille. De plus en plus d’études pointent la présence de ce microplastique dans la nourriture que nous ingérons et surtout dans l’eau que nous buvons car il n’existe pas de système de filtration capable de retenir ces particules. D’ailleurs, en juin 2019, un rapport du WWF a fait beaucoup parler de lui. Selon ce rapport, nous avalerions 5 grammes de plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit ! Depuis, le calcul du WWF a été fortement critiqué car ce sont les valeurs les plus hautes qui ont été retenues.

(photo credits: Milwaukee independent)


Du microplastique dans l’air que nous respirons

Sauf que ce calcul ne prenait pas en compte le microplastique que nous… respirons. Comment ça, me direz-vous, nous respirons du plastique ? Eh bien oui ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est une réalité dans le monde d’aujourd’hui ! Dans la ville de Pékin par exemple, une étude a montré qu’il y a entre 5600 et 5700 microparticules de plastiques par mètre cube d’air. L’air extérieur de Californie, lui, en contient 0,7 à 19,6  et celui de Paris 0,3 à 1,5. Ce microplastique provient des activités agricoles, de l'industrie et des décharges. Lors d’une respiration normale, chaque personne inspire puis expire environ un demi-litre d’air. Ce sont donc 14 000 litres d’air (14 mètres cube) respirés au minimum chaque jour en cas d’activité juste normale. Ce chiffre augmente lorsque nous faisons un effort physique important, comme courir ou gravir une montagne. Ainsi, un parisien inspire quotidiennement près de 13 microparticules de plastique, contre 80 000 pour une personne vivant à Pékin, un chiffre qui donne le tournis !


Les montagnes sont-elles épargnées ?

Qu’en est-il du bon air pur de la montagne ? Est-il préservé de cette pollution ? Nos collègues soupçonnaient que non. En effet, une étude précédente avait montré que des échantillons de neige collectés dans des sites variés, allant des Alpes françaises jusqu’aux icebergs du Groenland, en passant par l’Arctique, contiennent des microparticules de plastique probablement transportées là par le vent, vent qui au passage transporte d’autres joyeusetés comme du mercure. Forts de ce constat, nos collègues ont installé une pompe à 2877 mètres au-dessus du niveau de la mer, à l’Observatoire du Pic du Midi afin de filtrer l’air pendant les quatre mois d’été. Après tout ce que je vous ai raconté, vous ne serez probablement pas surpris d’apprendre qu’ils y ont détecté des microparticules de plastique. Hé oui, même le bon air pur de la montagne est contaminé ! Rassurant, n’est-ce pas ?



Nos collègues ont observé des particules diverses tailles, au nombre de 0,09 à 0,66 particules par mètre cube d’air pompé. Ces particules répondent aux doux noms de polyéthylène (44%), polystyrène (18%), polyvinylchloride (PVC, 15%), polyéthylène téréphtalate (14%) et polypropylène (10%). Si je reprends mon calcul de tout à l’heure, si avez décidé de passer une journée à l’Observatoire du Pic du Midi et d’y monter dans fournir le moindre effort, vous respirerez malgré tout entre 1 et 10 particules de plastiques. Et bien davantage si vous montez courageusement à pieds. Heureusement, ces chiffres sont bien loin de ceux de Paris et surtout de ceux de Pékin. Ouf !


Mais d’où provient cette pollution ? La modélisation des mouvements d’air atmosphérique a révélé qu’elle peut venir de très loin, jusqu’à 10 000 km ! Ainsi, difficile de croire qu’il existe encore de nos jours un petit bout de la planète épargné par cette nouvelle forme de pollution.

A votre santé !

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