Historiquement, la pêche en lac de montagne (notamment dans les Pyrénées) était liée à un besoin de nourriture, avec des poissons frais présents proches des vallées dans des grandes pièces d’eau éloignées de la mer. Puis le loisir pêche s’est développé, avec l’envie de découvrir toujours plus de lacs, et de voir si arrivé à 2500 m d’altitude et après 10 km de randonnée, une truite ou un omble de fontaine va bien vouloir mordre à l’hameçon. Cela a amené les fédérations de pêche à continuer ou initier des opérations d’alevinage dans les lacs. De nos jours, munis de votre carte de pêche, vous pouvez pratiquer librement ce loisir/sport (en montagne c’est assez sportif) pendant plusieurs mois d’été, et dans des cadres somptueux. Il faut juste veiller à bien respecter la réglementation (technique de pêche utilisée, période, nombre de captures autorisés et taille minimale des poissons), mais je vous invite à vous renseigner sur les sites des fédérations de pêche qui sont très bien faits.
Vous en avez déjà entendu parler si vous suivez le travail de Dirk, les poissons en montagne sont à l’origine de nouveaux débats dans le monde scientifique. En effet, et il faut le reconnaître bien qu’étant pêcheur moi-même, ils sont dans la quasi-totalité du temps issus d’une introduction par l’Homme. Avec beaucoup de conséquences sur les lacs de montagne : prédation des insectes et amphibiens, augmentation de la matière organique (par leurs excréments) ce qui augmente la possibilité de prolifération par les algues (chaleur + nutriments = eau verte, car remplie de phytoplancton et de microalgues), stress des jeunes têtards, etc. La présence des salmonidés (truites et ombles) dans certains grands lacs d’altitude est établie, et on pourrait imaginer trouver l’équilibre avec les amphibiens en laissant des laquettes libres et des caches pour les amphibiens. De gros travaux sont à mener dans les prochaines années, et les pêcheurs sont évidemment à prendre en compte pour leur expérience et leurs aspirations.
Un poisson en revanche fait moins l’unanimité, même chez les pêcheurs : le vairon. Petit poisson omnivore, il apprécie les eaux fraîches et bien oxygénées. Inféodé à la base aux ruisseaux et rivières à truites où il est un maillon indispensable de la chaîne alimentaire, il a été introduit dans de nombreux lacs de montagne.
Photo 1 et 2: Truite fario (Salmo trutta fario L.). Magnifique poisson reconnaissable à sa robe jaune argentée, ponctuée de gros points noirs ou rouges. La petite mouche imitant une larve aquatique est visible dans la bouche. Sans ardillon, elle s’enlève immédiatement et sans blessure. @A.Firmin
Photo 3 : vairons capturés au lac de Lhurs (64). Les poissons sont immédiatement tués pour éviter toute souffrance, et congelés afin de conserver l’intégrité des tissus avant analyse au laboratoire. @A.Firmin
Photo 4: Vairon adulte. On note la robe mimétique de ce poisson, et la bouche entrouverte. Sa relative grande taille et son orientation à l’horizontale lui permet d’ailleurs de capturer de nombreuses proies, tant en surface que sur le fond. @P.Benzi
Photo 5: Vairon mâle. Il s’agit d’un individu adulte, un mâle qui présente des points blancs sur le bout de la tête (un apparat présent uniquement pendant la période de reproduction). @P.Benzi
Et ce souvent de manière involontaire : il était monté dans des petites carafes, et servait d’appât pour pêcher la truite. Avant de redescendre, il était naturel de « libérer » les poissons restants... dans les lacs. Forts d’une très bonne adaptabilité et d’une reproduction prolifique, les vairons ont ainsi formé dans certains lacs des populations impressionnantes. Petits par la taille, mais très nombreux, ils ont une forte responsabilité sur le stress des amphibiens, la consommation des œufs ou encore le rejet de matière organique. Et pourtant ils sont si mignons à venir nous chatouiller les orteils lorsque l’on trempe les pieds pour se détendre après une randonnée… Tout est question d’équilibre et de point de vue !
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